Henderson: nuages et richesse atmosphérique - Musée McCord Stewart
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Alexander Henderson, Chutes Niagara, N.Y.-Ont. (détail), vers 1860. Don d’E. Dorothy Benson, MP-1968.31.1.180, Musée McCord

Henderson: nuages et richesse atmosphérique

Apprenez en plus sur la technique du photographe Alexander Henderson, qui avait vraisemblablement la tête dans les nuages!

Hélène Samson, Ph. D., conservatrice associée, Photographie, Musée McCord

18 août 2022

Destiné par sa famille à embrasser la carrière de comptable, Alexander Henderson (Édimbourg, 1831–Montréal, 1913), qui émigre d’Écosse pour s’établir au Canada en 1855, découvrira sa passion pour la photographie peu de temps après son arrivée à Montréal. Ébloui par la majesté d’une nature à l’état pur, il deviendra l’un des plus importants photographes de paysages au pays, dont la notoriété dépassera nos frontières de son vivant.

Ne manquez pas l’exposition Alexander Henderson – Art et nature

Les ciels de Henderson sont souvent magnifiques. Ils apportent à ses paysages la richesse atmosphérique tant appréciée par les critiques. Ce traitement toujours esthétique du paysage révèle le vouloir artistique du photographe et son désir de transmettre son émotion devant la nature.

La beauté des images de Henderson, leur rendu atmosphérique notamment, provient en grande partie du fait qu’il ajoutait des nuages dans les ciels de ses paysages. Il possédait une collection de négatifs de nuages, lesquels étaient numérotés pour en faciliter l’usage. D’ailleurs, les mêmes nuages apparaissent parfois dans différentes images. Vous les remarquez?

Image de gauche : Alexander Henderson, Gare terminus de Pointe-de-Lévy avec Québec en arrière-plan, vers 1870. Don d’E. Dorothy Benson, MP-1968.31.1.99, Musée McCord
Image de droite : Alexander Henderson, Hôtel Windsor, square Dominion, Montréal, vers 1878. Don d’E. Dorothy Benson, MP-1968.31.1.22, Musée McCord

Il existait plusieurs façons de créer des ciels nuageux. La plus rudimentaire consistait à étendre de la matière opaque au doigt ou à l’aide d’un pinceau sur le négatif, laissant ainsi des traînées blanches sur le positif. Henderson maîtrisait une technique plus complexe. Il utilisait deux négatifs, un pour le paysage, et un autre – obtenu avec un temps d’exposition plus court – pour le ciel, qu’il imprimait successivement sur un feuillet de papier albuminé pour réaliser une image complète en chambre noire.

Dans les années 1860-1870, ce procédé était assez répandu parmi les photographes soucieux de la qualité esthétique de leurs œuvres. On le trouve de façon notoire chez Gustave Le Gray (1820-1884), de même que chez William Notman (1826-1891).

En effet, jusque dans les années 1880, la technique photographique ne permettait pas de capter en même temps les détails du paysage et du ciel. Le temps d’exposition nécessaire à l’obtention des nuances dans les ombres et la grande sensibilité de l’émulsion à la lumière bleue produisaient des paysages aux ciels délavés.

À propos de l'auteure

Hélène Samson, Ph. D., conservatrice associée, Photographie, Musée McCord

Hélène Samson, Ph. D., conservatrice associée, Photographie, Musée McCord

Hélène partage ses recherches entre la photographie du 19e siècle et la documentation contemporaine de la société montréalaise. Sa formation en psychologie et en histoire de l’art nourrit son intérêt particulier pour le portrait photographique comme forme d’expression de l’identité narrative.
Hélène partage ses recherches entre la photographie du 19e siècle et la documentation contemporaine de la société montréalaise. Sa formation en psychologie et en histoire de l’art nourrit son intérêt particulier pour le portrait photographique comme forme d’expression de l’identité narrative.