Montréal au travail - Musée McCord
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Photographe inconnu, Salle des matrices, Berliner Gramophone Company, Montréal (détail), 1910. MP-1982.69.5, Musée McCord Stewart

Montréal au travail

Coup d’œil sur divers lieux de travail montréalais dans les premières décennies du 20e siècle.

1 septembre 2022

Grâce à des photographies de la collection du Musée McCord Stewart, il est possible de franchir la porte de certains des établissements où travaillaient les Montréalais dans les premières décennies du vingtième siècle, de revenir dans le passé pour découvrir les lieux et l’atmosphère dans lesquels les hommes et les femmes de cette époque exerçaient leurs métiers. Cette incursion dans les espaces de travail d’autrefois nous permet de constater que même si certaines des occupations illustrées existent toujours, les conditions de travail ont radicalement changé. Ces images montrent la concentration de l’activité économique de Montréal dans le secteur qui constitue aujourd’hui l’arrondissement Ville-Marie.

Studio Millar, Atelier de teinture, Dechaux Frères Limitée, Montréal,1929. Don de Marcel Paquette, M2019.46.1, Musée McCord Stewart

Chez Dechaux Frères Limitée, nettoyeur d’articles de maison et de vêtements, la teinture était une spécialité. Des ouvriers, comptant au moins six ans d’expérience, teignaient divers tissus – des vêtements, des rideaux et des tapis. L’entreprise avait des clients dans tout le Québec et possédait deux succursales à Montréal situées rue Sainte-Catherine, ainsi qu’une flotte de camions pour le service à domicile.

À Montréal, la compagnie Berliner Gramophone gravait des disques à partir de matrices enregistrées par ses entreprises américaines et européennes, comme la célèbre maison allemande Deutsche Gramophone créée en 1898. Dans cette photographie de la salle où sont entreposées les plaques originales, on voit des femmes en vérifier la qualité avant la mise en marché des disques.

Premier hôpital de Montréal, l’Hôtel-Dieu fut fondé en 1642 par Jeanne Mance (1606-1673) sous le régime de la Nouvelle-France. Pour réaliser son projet, celle-ci fit appel aux Hospitalières de Saint-Joseph, des religieuses qui prirent l’hôpital en main avec la mission de soigner gratuitement les pauvres, les vieillards et les orphelins. À l’époque où la photographie a été prise, la congrégation dirigeait encore l’Hôtel-Dieu situé à ce moment-là au pied du mont Royal. Les salles communes comme celle-ci étaient réservées aux patients les moins fortunés, qui devaient se prêter aux examens faits par les étudiants en médecine.

La gestion du transport des marchandises était au cœur des activités de la compagnie ferroviaire Canadien Pacifique qui possédait plusieurs bureaux à Montréal, et dont le siège social était situé à l’angle des rues Windsor et Osborne. Comme on peut le voir dans cette photographie, les employés utilisaient des machines à écrire de marque Oliver. Souvent de couleur vert olive et caractérisées par leurs « ailes de chauve-souris », celles-ci étaient à la pointe de la technologie. Mais on ne peut pas en dire autant des fauteuils, dont la hauteur du siège s’ajustait en plaçant un livre sous le coussin.

Jusqu’à la fin des années 1930, toutes les familles fortunées de Montréal employaient des domestiques qui assuraient le service des repas, entre autres. Dans la maison, l’espace cuisine était conçu afin de marquer une distinction sociale entre les maîtres et les serviteurs : la pièce était close et située de manière à éviter les rencontres. Cette photographie prise durant l’été montre que l’on cuisinait sur une plaque électrique placée sur le poêle à bois éteint afin d’éviter de surchauffer la cuisine.

Rice Photo, Coulage de balles d’obus Shrapnel, Notre-Dame Works, (Stelco), Montréal, vers 1916. Don de Brian Wolman, M2016.45.3.7, Musée McCord Stewart

Dans cet atelier de l’usine Notre-Dame, les ouvriers fabriquent les petites balles de plomb qui entrent dans la composition des obus Shrapnel. L’utilisation de ce type de munitions mis au point par Henry Shrapnel (1761-1842), un officier de l’armée britannique, était généralisée durant la Première Guerre mondiale (1914-1918). On peut voir à l’avant-plan les lingots de plomb qui seront fondus pour façonner ce qui ressemble à des billes pour jouer. Cette usine située près du canal de Lachine dans la rue Notre-Dame, entre les rues Vinet et Dominion, était l’une des cinq aciéries ayant fusionné en 1910 pour former la Steel Company of Canada Ltd. (Stelco).

Ces ouvriers travaillent pour la compagnie des frères Smith, une importante entreprise montréalaise spécialisée dans la pose du marbre, du granit et des tuiles, et dans la fabrication de planchers en ciment et en terrazzo. L’entrepôt des matériaux se trouvait au 458, rue De Bleury. La compagnie a participé à d’importants chantiers de construction au pays, comme celui de l’édifice Henry Birks & Sons à Montréal et de l’hôtel Château Laurier à Ottawa.

Durant la Première Guerre mondiale (1914-1918), des milliers de Canadiennes ont travaillé à la fabrication de munitions pour approvisionner l’armée britannique. Elles exécutaient souvent des tâches qui exigeaient de la dextérité et de la minutie, comme insérer des mèches dans les obus ou inspecter les produits finis.

Entre 1914 et 1918, le gouvernement canadien a ouvert plusieurs usines de munitions à Montréal et dans les environs afin de contribuer à l’effort de guerre. Le bureau d’emploi de l’International Manufacturing Co., qui recrutait des hommes et des femmes, était situé rue Sainte-Catherine Est, alors que ses usines se trouvaient dans la rue Notre-Dame, à l’est de la rue Viau. Cette photographie permet de voir le système de poulies qui était alimenté par une machine à vapeur et relié à des courroies qui transmettaient la force motrice aux machines servant à la fabrication des obus.

En 1843, l’Université McGill fondait le Montreal Maternity Hospital dans une simple maison louée. En 1905, la maternité s’est installée dans un bâtiment neuf de trois étages, à l’angle des rues Saint-Urbain et Prince-Arthur. Il s’agissait alors d’une institution charitable menée par des sages-femmes et des infirmières. Les patientes provenaient en majorité de l’immigration et de la classe ouvrière. Plusieurs étaient des célibataires à qui l’on offrait aussi une assistance sociale après leur accouchement. À partir de 1880, avec la médicalisation des naissances, les médecins se sont impliqués davantage, et de plus en plus de patientes, tous milieux confondus, venaient accoucher à la maternité : jusqu’à 1 600 femmes en 1925. En 1926, le Montreal Maternity Hospital fut intégré à l’Hôpital Royal Victoria.

L’Hôpital Royal Victoria était tout neuf lorsque Notman a pris cette photographie en 1894, ses trois pavillons sur l’avenue des Pins ayant été inaugurés l’année précédente par le gouverneur général du Canada. L’aile réservée à la chirurgie comprenait un dortoir pour enfants aménagé selon les principes modernes de la pédiatrie avec du mobilier adapté aux petits et un souci d’espace et de ventilation.

On assiste ici à une répétition de l’orchestre de la Société des Concerts symphoniques de Montréal en vue de son premier concert donné le 14 janvier 1935 à l’auditorium de l’École supérieure Le Plateau sous la direction de Rosario Bourdon (1885-1961). Cette formation musicale est à l’origine de l’actuel Orchestre symphonique de Montréal. Elle a été créée en 1934 par Athanase David (1882-1953), secrétaire de la Province de Québec, afin de rendre la musique classique accessible aux gens de l’est de Montréal et de valoriser les compositeurs, solistes et chefs canadiens-français.